Dans le cadre des séries SHORT NOTICE, espace d’art contemporain 14N 61W a le plaisir d’accueillir le jeune artiste performer plasticien Ludgi Savon.
Depuis son passage à l’IRAVM, en 2011 Ludgi Savon développe une pratique artistique autour du dessin, la peinture, le photomontage et de la performance. Outre de récentes performances à la Bibliothèque Schoelcher et la Bibliothèque Universitaire de Martinique, avec Jérémie Priam, Ludgi Savon a, à ce jour, eu peu d’occasions de montrer son travail. Néanmoins, ce dernier est dans une recherche perpétuelle dont les résultats sont publiés régulièrement sur les réseaux sociaux.
Artiste résident à la Station Culturelle en 2019, Ludgi Savon y a passé 7 mois à développer, approndir, perfectionner son art; du dessin (préparatoire) à la réalisation de costumes à destination de ses performances. Un processus méticuleux qui lui a permis d’éprouver chaque étape de sa démarche artistique à travers la performance et d’en dégager une expérience enrichissante tant pour l’artiste que pour le public (encore trop peu nombreux) de ses créations.
A l’occasion de SHORT NOTICE #6, Ludgi Savon présente, « Maison Novas Imaginarium », que constituent une série d’œuvres sur papier, aquarelles inédites. Une autre facette d’une même démarche, sur le mode « work in progress ».

« Un monde intérieur fait d’imagination et de rêves, inspiré d’une fascination pour le monde végétal, émerge à la surface du papier. La technique de l’aquarelle offre des effets de transparence qui permettent de sonder couche après couche, cet univers impalpable. La série d’aquarelles dresse ainsi un portrait de famille d’outre-monde qui prend forme à travers le corps de l’artiste. Ce corps omniprésent agit comme un réceptacle voué à incarner les esprits. Il s’y raconte une histoire familiale empreinte de mémoire et d’hommages subtils aux ancêtres africains. Un dialogue se met en place entre le corps représenté et les esprits, pour une célébration aux ancêtres qui se joue à l’aide d’accessoires tels que des masques et des voiles, des fleurs et des racines également. La rencontre de ces deux univers symbolise ainsi toute une reconfiguration familiale, pour un arbre généalogique qui appartiendrait à tous. S’installe alors un vocabulaire de l’intime, avec ses codes et son langage propres, dont chacun des signes détient une part de mystère et de poésie. Les masques ne sont pas autonomes, mais destinés à être portés, associés à un corps, des gestes, des cérémonies. Le masque renoue, dans ce contexte, avec une tradition africaine, où l’objet n’est pas isolé, mais inhérent à un système. Le rapport à l’ancestralité prend alors tout son sens. Les voiles enveloppent le corps, comme une seconde peau, ou masquent le visage, et se veulent annonciateurs d’une transformation totale ».

Coline Gacel + Anne Catherine Berry